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De l’avis de tous, Seiji Hasumi est le professeur le plus charmant, le plus séduisant, le plus charismatique du lycée Shinkô Gakuin de Machida. Adulé de ses élèves, admiré de ses collègues, apprécié de sa direction, le jeune homme est fin, drôle, toujours prêt à voler au secours des uns, à aider les autres, à combattre les injustices et le harcèlement, à dénouer les conflits.
Hasumi est tout cela et pire encore. Hasumi est un psychopathe. Manipulateur, calculateur, pervers, prêt à tout pour prendre le contrôle et asseoir son pouvoir. Un être violent, qui n’hésite pas à éliminer quiconque se met en travers de sa route.
Trois élèves l’ont percé à jour. Commence alors une traque terrifiante, aux conséquences inimaginables…
Yûsuke Kishi
534 p.
Editions Belfond
悪の教典, Aku no Kyōten, 2010
Une traduction de Diane Durocher
Ma Note

Moi, lorsque je te parle, je n’ai pas l’impression de m’adresser à un être humain. Tu réagis aux autres comme tu réponds à un examen : en choisissant la solution qui te rapportera le plus de points.
Retour en littérature japonaise après une longue absence. Cette fois-ci avec ce thriller qui ravira tous les fans du genre : on peut dire que l’auteur Yûsuke Kishi n’a pas lésiné sur les moyens à sa disposition pour fournir frissons, angoisses et palpitations à son lecteur-rice. Je n’ai pas compté le nombre de morts disséminés dans son roman, mais pour un pays vieillissant, j’imagine qu’il a mis un bon coup de poignard à la courbe démographique japonaise, d’autant que dans l’ensemble, les victimes sont jeunes. Je remercie le site Lecteurs.com ainsi que les Éditions Belfond qui m’ont fourni quelques heures de sueurs froides à la lecture de ses cinq pages. Le récit sort pour la première fois sous forme de roman en France, il a auparavant connu une première publication, mais sous forme de manga chez Kana et a été adapté à l’écran. Je ne suis certes pas une lectrice de mangas, mais j’avoue ma curiosité à le découvrir sous cette forme. Yûsuke Kishi a reçu à deux reprises le Prix de l’Association d’horreur du Japon, et après la lecture de La leçon du mal, ça n’étonnera personne.

Tout prend forme dans un lycée public japonais, et on s’apercevra au fur et à mesure avec étonnement des différences entre le pays nippon et la France. Seiji Hasumi occupe la place de professeur d’anglais, l’un des préférés des élèves, et de professeur principal de la classe de 1ère 4. Très proches des élèves, soucieux de leur sort à chacun, le professeur est également membre du comité de surveillance. Rien ne lui échappe, ni les problèmes de harcèlements, ni les accointances ou inimitiés entre élèves, encore moins leurs points forts et faibles, leur caractère. Et pour cause, Hasumi est un maniaque, un obsédé du contrôle, un manipulateur, en bref, le psychopathe dans toute sa splendeur, ou plutôt dans toute sa laideur. Le professeur parfait le jour cache en réalité ses côtés sombres sous la couche en acier trempé de son armure qu’il s’est confectionné au fur et à mesure des années. La plupart des lycéens et de ses collègues s’y laissent prendre, à ce charme vénéneux de cet homme qui parvient à apprivoiser femmes et hommes, filles et garçons. Tous s’y laissent prendre, ou presque, dont le couple de corbeaux, avec cette scène assez terrifiante, qui ouvre le roman et qui annonce la couleur du récit.
Ce roman se décompose en deux parties. La première qui montre un Hasumi évoluant dans son environnement, le lycée et son domicile, une première partie en lenteur qui montre la façon dont le professeur d’anglais résout ses problèmes, et la façon dont il fiche les élèves. Une partie composée de flash-backs dans le passé de Hasumi, celle qui nous permet de cerner la psychose de l’homme, sa profondeur, son immuabilité. Et ce n’est pas la méthode douce qu’il emploie, le dialogue, la conciliation, un arbitrage dans les règles et apaisé. La justice chez lui est toujours biaisée, il est juge et bourreau, il est conseil de discipline à lui seul. Il est tout-puissant : il punit par le chantage, il tient les gens à la gorge et il aime ça. Mais chez ce genre de personnage, le chantage, c’est la méthode douce. En ce qui concerne la méthode forte, les châtiments sont irréversibles ou presque, je vous laisse le plaisir de la découverte. Cette première partie révèle et expose la violence, psychologique et physique, de Hasumi, une violence ancienne, qu’il porte en lui depuis toujours, qui ne demande qu’à exploser. L’homme est d’une inventivité féroce quand il s’agit de torturer son prochain, l’air de rien, et de chapitre en chapitre, cela devient aussi fascinant, hypnotisant, pour le lecteur, d’observer l’endroit et l’envers du masque du parfait professeur qu’il s’est forgé au fil du temps. D’observer la célérité d’esprit qui est la sienne, sa perversion, pour trouver la moindre faille de son interlocuteur, et d’en tirer profit au maximum. Fascinant mais terrifiant.
La seconde partie occupe peut-être le dernier tiers du récit. Comme un chant du cygne de Hasumi. Tueur par opportunisme, par facilité, et par plaisir, il devient tueur de masse. Car l’auteur s’est permis une faille, trois lycéens qui doutaient de la sincérité de l’homme, et dérangés par cette façade si superficielle. Deux adolescents et une ado qui se sont mis en tête de le démasquer, un trentenaire avec dix longueurs d’avance et dénué du moindre sentiment quel qu’il soit, prêt à tout pour défendre son masque sociable, cela donne un massacre en règle. La menace de voir se fissurer cette façade d’homme charmant, social et honnête provoque un ultime soubresaut d’autodéfense : et quand on sait que l’homme n’abrite qu’une coquille vide, on peut s’imaginer l’ampleur du désastre. Prédateur parmi d’autres prédateurs, les flash-back détaillant son curriculum vitae bien garni d’expert-tueur et de manipulateur donnent froid dans le dos, spécialement les fois où la vérité menaçait de faire jour. L’ultime tuerie s’étale sur plusieurs chapitres, qui sont relativement longs chez l’auteur japonais, m’a laissée coite. Bien que je lise une quantité certains de polars et thrillers, peu de mes lectures dans le genre ont su décrire un enchaînement d’assassinats de sang-froid, décrire la montée en puissance de la psychose délirante et destructrice qui lui fait verser des litres de sang, d’empiler les corps les uns après les autres. Le découpage de cette ultime et terrible séquence tient beaucoup du septième art, d’autant qu’elle est découpée selon une très précise segmentation temporelle de cette nuit d’horreurs.
Le lycée Shinkô Machida représentait pour Hasumi un vaste plateau de jeu d’échecs où chaque prof, chaque élève s’apparentait à une pièce. Il fallait sans arrêt manœuvrer pour que tout ce petit monde se déplace dans la direction souhaitée.
Aucune longueur inutile pour ce roman qui en contient pourtant presque six cents, chaque page a son importance, elle entretient la tension qui devient de plus en plus palpable à mesure que les adolescents s’approchent du véritable Hasumi. Elles contribuent également à fabriquer un monstre hypertrophié qui ne parvient plus à se contenter du cadre des apparences sociables que le professeur d’anglais veut bien donner à voir. C’est un thriller à part, ou les policiers ne sont que de rares apparitions, laissant place à une observation sociale de cette toile d’araignée qu’a minutieusement filé Hasumi dans le lycée qui est devenu son terrain de jeu et de crime. J’attends avec impatience la sortie éventuelle d’un autre roman de Yûsuke Kishi, qui est parvenu à me couper le souffle le temps de quelques heures.
Rien ne presse le serpent venimeux, dit le dicton. En effet, la plupart des reptiles dangereux ont pour habitude d’attendre en retrait une fois qu’ils ont inoculé leur venin à leur proie. Ainsi, ils se protègent des soubresauts de celle-ci, qui se débat devant la mort.
Hasumi venait d’injecter des mots empoisonnés dans l’esprit de son collègue, il n’avait plus qu’à attendre qu’ils fassent effet et le détruisent. Sa proie n’avait plus d’échappatoire.
C’est alors que la porte s’ouvrit doucement. Kume, hagard, redressa la tête. Maejima se tenait dans l’encadrure.
– Professeur.
– Maejima ! s’écria Kume. Retourne immédiatement en classe !
Mais l’ado l’ignora pour s’adresser à Hasumi.
– M. Kume ne m’a jamais forcé ! Vous devez me croire !
Bon garçon. Il va me faire gagner du temps.
– Je te crois, Maejima.
Le prof d’art, vaincu, s’affaissa.
La rentrée littéraire des éditions Belfond, c’est aussi

Longtemps, les questions posées par Callum à son grand-père allemand sur la guerre sont restées sans réponse. Et puis, un jour, Meissner s’est décidé à raconter.
Sa vie de soldat sur le front de l’Est, les débuts triomphants, l’esprit de corps, l’ivresse des batailles, et puis le froid, la faim, la misère. Et surtout l’année 1944 quand lui et ses camarades ont compris que la guerre était perdue ; que tout ce en quoi ils avaient cru, tout ce qui les faisait tenir, l’appartenance à une nation, l’espoir d’une guerre rapide, les rêves de retour, tout était en train de s’écrouler ; que dans la déroute, les hommes ne sont plus des hommes ; que le désespoir vous fait accomplir le pire et que rien, jamais, ne permettra d’expier la faute de tout un peuple.
« Ce qu’il a réveillé en moi est mille fois plus puissant que lui. ».
Six mois après la naissance de son deuxième enfant, une jeune femme est admise en maison de repos au bord d’un lac de montagne. En retournant skier seule pour la première fois depuis longtemps, elle rencontre un homme qui va réveiller son corps.
Dans une langue poétique et crue, Les chairs impatientes raconte un désir féminin dévorant qui ne veut plus renoncer à rien et peut tout renverser sur son passage.

Très tentant ce roman japonais, déjà noté, je souligne.
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Et je conseille !
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Il me tente beaucoup « La leçon du mal » 🙂
Jusqu’à maintenant je n’ai lu que des avis positifs à son sujet.
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Si tu aimes te faire peur, n’hésite pas, le livre est épais pourtant il se dévore ! Et ça change un peu des titres américains ou nordiques.
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