Slava

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Les années 1990, quelque part en Russie.
L’URSS a cessé de vivre. Son utopie appartient au passé, tout juste bonne à figurer dans les livres d’histoire.


Dans un décor qui fait la part belle à l’immensité des espaces russes autant qu’aux vestiges de l’architecture soviétique, deux maraudeurs se livrent à une activité pour le moins douteuse : mettre la main sur toutes sortes de babioles susceptibles d’intéresser de riches investisseurs.

À travers la destinée tragi-comique de deux pieds nickelés emportés dans la tourmente de l’Histoire, Slava est une saga en trois tomes qui brosse le portrait d’un pays déboussolé, qui amorce une transition incertaine, et annonciateur de la Russie d’aujourd’hui.

Pierre-Henry Gomont

104 p.

Dargaud

Ma Note

Note : 3.5 sur 5.

Je m’appelle Slava Segalon et j’ignore tout des choses du commerce. J’ai grandi dans un monde qui ne faisait pas de différence entre escroc et marchand. Un monde dans lequel il n’y avait de pire tare qu’un tempérament d’épicier.

Session roman graphique. Pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit d’un titre qui a fait parler de lui, qui a même été conseillé par Le libraire se cache, célèbre sur Twitter, qu’il a été mis à l’honneur par Babelio le mois dernier, Slava – Après la chute. L’auteur, Pierre-Henry Gomont, scénariste, dessinateur et coloriste, a publié le premier tome d’une trilogie dont il me tarde de lire les deux prochains tomes. Auteur reconnu et primé, Pierre-Henry Gomont a fait plusieurs séjours en Russie, Dargaud, l’éditeur, explique que La fin de l’homme rouge de Svetlana Alexievitch a été l’une de ses inspirations. Mais également les mines de Chiatura qui se trouvent en Géorgie et qui fut l’une des plus grandes exploitations de manganèse au monde. Slava est l’œuvre d’un idéaliste désenchanté, un utopiste revenu brusquement les pieds sur terre lorsque l’idéologie communiste soviétique s’est révélée être une dictature. Et qui a laissé place à une Russie, comme à d’autres anciennes RSS, l’Ukraine et la Géorgie pour ne citer qu’elles, sucée jusqu’au sang par les vautours qui se réclamaient de ce tout nouveau capitalisme.

En couverture : Slava Segalon, le protagoniste éponyme des trois tomes, accompagné de Lavrine, commercial, marchand, trafiquant, escroc, pilleur un peu tout à la fois. Slava est un artiste, un peintre talentueux, mais le vent a tourné, l’URSS n’existe plus et sa peinture, engagée contre le pouvoir en place d’alors, n’a plus aucun sens pour lui. Pour survivre, il espère prendre la relève de Lavrine, qui s’en sort en monnayant les ruines soviétiques laissées à l’abandon. Le roman s’ouvre sur les deux hommes en train de récupérer vitraux et lustre somptueux vendus à peine à la moitié de leur valeur à un gouverneur corrompu parmi d’autres. Prenant la route, chargés de leur marchandise, les choses ne se passent pas comme prévu, et en plein milieu des montagnes caucasiennes, leur convoi est attaqué par un équipage d’hommes armés, évidemment, nous sommes en Russie. Perdus dans le Caucase, alors que Slava est simplement vêtu d’un léger blouson de sky, qui en dit long sur sa capacité à devenir un autre Lavrine, ils sont sauvés par Nina, qui ramène ce drôle de duo de bras cassé chez elle dans un ancien complexe minier. Rebelote, Lavrine, toujours le dollar dans l’œil, y voit une énième opportunité de se faire de l’argent.

Pierre-Henry Gomont en fait part dans son introduction, il a lui-même fait plusieurs séjours en Russie, de cette page de l’histoire, la transition de l’état soviétique à la fédération russe, ou la privatisation en masse a vu ses profiteurs, de ceux qui en sont devenus millionnaires à se gaver d’un patrimoine national, ou pour survivre les plus retors, les moins susceptibles au remord ont entrepris de piller méthodiquement les vestiges et le mobilier plein de valeurs d’un pays qui veut se détacher de son passé. Tout est bon à prendre, tout est bon à piller. C’est d’ailleurs en partie l’objet du roman de Renaud S. Lyautey La baignoire de Staline avec une situation identique en Géorgie, le pays voisin, aussi riche en ruines soviétiques, dont les thermes de la ville natale de Staline.

C’est un roman graphique très divertissant, ancré dans un contexte qui m’intéresse particulièrement, j’ai eu un coup de cœur pour les cases illustrant les paysages caucasiens et qui rendent hommage à la beauté des paysages concernés. La dynamique du duo de personnages Slava-Lavrine, le plus jeune grand et dégingandé, l’aîné, petit et bien en chair, le premier plutôt idéaliste, malgré l’afflux de désillusions, et totalement crédule, avec un bon fond, le second, fourbe, aigrefin et vénal. Les deux briscards se complètent bien et forment le genre de duo dont la dimension comique n’a d’égal qu’à la dimension dramatique, qui révèle une réalité bien moins reluisante que les hauts sommets du Caucase. Des travailleurs, des ouvriers, des mineurs qui ont voué leur vie à leur travail se retrouvent, à la chute de l’URSS, dépouillés de leurs outils de travail, ici la mine, ses machines hors de prix, et de la matière même qu’ils exploitent à coup de pioche et d’années d’espérance de vie en moins, pour manger à la fin du mois. Dépouillés par les mêmes rapaces, fruits pourris de ce nouveau capitalisme émergeant, qui pressent tout et tous jusqu’à la moelle. Derrière l’humour des scènes, des personnages un peu caricaturaux, des dialogues, se cachent une forme certaine de cynisme tout à fait russe. On y retrouve ces méchants toujours plus sardoniques les uns que les autres, Slave et Lavrine, issue de cette mine, détonnent dans ce monde totalement obscurci par l’appât du gain. Je le disais plus haut, au point de vue graphique, des cases entières s’étendent sur toute la largeur de la page, laissant davantage de marge pour proposer des scènes plus détaillées, plus explicitées, car le décor dans ce roman graphique est aussi important que l’action. Des illustrations qui ravissent l’œil, des dialogues savoureux, un contexte particulièrement bien renseigné et tout autant exploité, j’ai également été amusée par les nombreuses onomatopées en cyrilliques, qui dès lors qu’on peut les déchiffrer, rajoutent une petite pointe d’humour bienvenue.

C’est avec plaisir que je lirai la suite des aventures de Slava et voir sur quelle thématique Pierre-Henry Gomont va bien pouvoir baser sa créativité. Mais compte tenu de la configuration de la société russe, cela lui laisse une certaine amplitude devant lui, les sujets ne manquent pas. Le roman graphique, même s’il est parfois obligé de grossir le trait, en particulier des personnages, de par ses illustrations, donne une vision moins terrible de l’histoire qu’il nous conte, et j’avoue qu’il permet de faire une petite coupure appréciable et agréable, entre deux romans. De quoi regretter de ne pas m’être intéressée au genre bien avant.

Dargaud, c’est aussi

1905. Les révolutions russes germent, la Russie tsariste décline. Dans ce contexte d’extrême tension politique et sociale, un geste en apparence anodin du gouverneur Sergueï Alexandrovitch met le feu aux poudres et signe son arrêt de mort. Georgi, un terroriste, fera tout pour l’éliminer. Voilà l’histoire que racontait Mort au Tsar dans un diptyque exposant tour à tour les deux points de vue, celui de la victime (tome 1) et de son assassin (tome 2).

Fabien Nury et Thierry Robin ont « remonté » ces récits dissociés et en proposent une nouvelle lecture en miroir, plus intime et imbriquée pour un thriller politique implacable et inédit !

Cette intégrale de La Mort de Staline regroupe les deux tomes de ce vrai faux récit historique signé par deux grands noms de la nouvelle BD française : Fabien Nury et Thierry Robin.

Le 2 mars 1953, en pleine nuit, Joseph Staline, le Petit Père des peuples, l’homme qui régna en maître absolu sur toutes les Russies, fait une attaque cérébrale. Il est déclaré mort deux jours plus tard. Commence alors une lutte acharnée pour le pouvoir suprême, lutte qui concentrera toute la démence, la perversité et l’inhumanité du totalitarisme. Qui succédera à Staline ? Une histoire vraie soviétique, à l’humour ravageur et cruel, portrait saisissant d’une dictature plongée dans la folie.

La Mort de Staline, une bande dessinée historique réaliste et documentée qui dépeint le tableau terrifiant et absurde d’un système totalitaire en pleine folie.

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