Une simple histoire de famille

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Louisette, Hervé, Lio : trois personnages avec pour héritage la violence et les secrets de famille. Prisonniers des non-dits, lequel d’entre eux brisera le silence ? 

Du Finistère des années 1960 au Paris d’aujourd’hui, Andréa Bescond, l’autrice des Chatouilles, immense succès au théâtre et à l’écran, retisse le fil de ces destins brisés, trois générations qui refusent, par leurs choix, la transmission des tragédies. Ce premier roman poignant questionne les rapports homme-femme, les ravages du chagrin, le désir de vengeance et invite, par-delà la douleur, à une possible renaissance.

Andréa Bescond

246 p.

Albin Michel

Ma Note

Note : 4 sur 5.

Mais elle, elle voulait tout savoir de la vérité, tout comprendre, tout relier, le passé la nourrirait, le passé la fabriquerait, elle voulait connaître ses racines.

À chaque rentrée ses histoires de familles accompagnées de leurs secrets qui vont bien. Le 4 janvier, Albin Michel met à l’honneur Andréa Bescond, premier roman de l’actrice, danseuse et metteur en scène. L’auteure nous emmène dans la Bretagne d’où elle est originaire, si j’en crois sa fiche Wikipédia, dans les pas de deux sœurs issues d’une famille modeste du Finistère, Louisette et Suzanne, qui vont modifier de la suite de la lignée familiale. Mais c’est aussi des destins de femmes, celles de Lio, qui doivent se battre pour sortir hors du joug masculin, dans les traces de sa mère Magnolia. Autour du seul homme important, Hervé, le seul qui a gagné sa place dans l’arbre généalogique de cette famille, finalement, tout sauf traditionnelle.

Tout commence par Louisette, et tout finit par elle : car elle incarne tout ce que la femme a de honteux aux yeux d’une population très conservatrice des années soixante en France. Louisette, jeune femme libre et libérée, assume ses choix, dont celui de fréquenter les hommes qu’elle veut, d’assumer l’enfant qu’elle attend de l’un d’entre eux, de ne plus vouloir vivre dans le carcan étroit et imposé par ses parents. En se réfugiant chez sa sœur Suzanne aînée, mariée à un assureur, et déjà mère de deux fillettes, elle ne se doute pas que leur vie à toutes deux vont virer au drame. Ensuite, dans d’autres chapitres alternatifs, on retrouve Hervé, cinquante ans plus tard, veuf, père de Lio, fils de Suzanne, qui cultive le souvenir de sa femme décédée, qui a du mal à visiter cette mère vieillissante qu’est Suzanne, et qui est brusquement le récipiendaire du secret de famille, un poids écrasant qui va tout changer pour sa fille et lui. C’est un rude pari de ne pas divulgâcher l’histoire même de cette famille, même si l’intérêt de cette lignée, et de ce récit, est aussi celui de représenter le rôle attribué traditionnellement aux femmes et dont chacune d’entre elle s’efforce tant bien que mal de s’émanciper.

D’une simple histoire de famille, des secrets comme celui d’Hervé ne sont pas si rares, la littérature en a pléthore, et sa teneur n’est pas réellement une surprise dès lors que l’on a commencé à appréhender chacun et chacune des protagonistes. J »ai lu avec grand intérêt la façon dont l’auteure déploie l’amplitude de ses conséquences sur les descendants, séparant silencieusement les générations, dont les nouvelles, qui à la fois concernées et exclues ressentent ardemment ces fossés creusés au fil du temps et des non-dits. Encore une fois, les femmes paient, leur émancipation du rôle de femme à foyer a un prix. L’auteure déroule le fil de cette émancipation sur plusieurs générations jusqu’à Lio, qui deviendra l’égale de son compagnon, bien loin de Louisette et Suzanne. Et Hervé est le fil-conducteur de ce mouvement féministe, assurant l’héritage d’une mère à sa fille, d’une vérité dure, mais indispensable, celle des plus infâmes formes d’asservissement de la femme. 

Je n’éprouve aucune amitié particulière pour la chanteuse Lio, mais j’aime la façon dont elle s’assume, elle assume sa vie et ses actes quand bien même à ce qu’elle devienne une cible toute trouvée des quolibets et commérages. Je crois que ce prénom donne une idée exacte de ce que l’auteure a voulu transmettre dans son livre, le sacrifice de femmes, leur courage, leur résilience, une certaine forme de force dans la mort sociale ou corporelle, cette fierté d’avoir été, de protéger les siens à tout prix. De concert avec cette émancipation, c’est également une remise en question de l’homme, qui trouve à s’affirmer par autre chose qu’une supposée virilité, qui trouve bien trop souvent son expression dans la violence. Une violence qui trouve aussi ici son expression dans les fantasmes oniriques d’une vengeance à rebours. Pour le coup, le renversement des rôles traditionnels est aussi intéressant à observer car pour la femme non plus, aucune forme de négociation avec cette violence n’apparaît et n’est acceptable. 

Elle s’appelle Lio, ses parents l’ont appelée Lio car son père a un grand respect pour la star de la pop française des années quatre-vingt, il a toujours apprécié ses prises de parole franches, et sa mère, anglaise, adorait la sonorité de ce prénom.

Elle est active sur Instagram, elle rédige des posts sur le sexisme qu’endurent les filles comme elle. Celles de son âge, et quand elle y pense, ce que subissent les femmes en règle générale.

Elle n’en fait pas une obsession, c’est son quotidien, et témoigner de son quotidien l’aide à le maintenir à distance, elle ne rentre pas dans l’émotion. Publier sur les réseaux sociaux, c’est une arme, ça lui permet de savoir qu’elle n’est pas seule et qu’à elles toutes, elles peuvent changer les choses.

Un incipit comme une déclaration de guerre muette lancée à un mode de fonctionnement et un ordre dominant, Louisette s’en va déclarer la sienne, qui la dépasse clairement. Le dénouement se fait dans un apaisement et une sérénité comme une égalité retrouvée, après justement des dizaines d’années de bataille, qui a nécessité une douloureuse capitulation pour elle, avec encore de longues années à batailler encore. En tant que femme, j’ai été touchée par la destinée de Louisette surtout, sans oublier Lio, privée de mère, mais aussi par la vie d’Hervé, ignorant qu’il a été englué dans un secret très jalousement gardé, et qu’il découvre très tardivement dans sa vie. Juste à temps peut-être pour oublier toutes ces années gâchées dans des non-dits pesants.

Ma mère avait quitté mon père, la distance, tout ça, tout ça… On s’était installés dans cette longère au puits. L’endroit était charmant, mais la séparation des parents nuisait à mon adaptation. Même si je savais qu’Henri était mon oncle, que leur histoire d’amour était spéciale, il s’était toujours comporté comme un père, et ma mère le considérait comme tel. Mes sœurs étaient beaucoup plus âgées, j’ai grandi comme un fils unique, et franchement, entre mes parents, je me sentais bien. Ils étaient mes piliers.

J’étais en sécurité jusqu’à leur divorce. Adolescent, dans cette longère, je chancelais. Ma mère n’avait pas vraiment de vie sociale, ça lui allait comme ça. Mais moi, en pleine adolescence, je cherchais à m’ouvrir à l’autre, et le village était distant, j’ai toujours senti une réticence quand je flânais chez les petits artisans. C’était un bourg fréquenté l’été car proche de la plage. On était boucher, boulanger, cordonnier, maraîcher de père en fils. Ils savaient que ma mère venait du coin, mais quand ils me servaient ils se contentaient d’être polis et m’expédiaient rapidement à la faveur du client suivant.

Au lycée, sensiblement la même chose, une barrière infranchissable. Je devais leur sembler spécial, c’est à ce moment-là que j’ai compris qu’avec ma dégaine de phasme, ça n’allait pas être évident.

Alors j’ai joué du piano, enfin, pas exactement, j’ai joué du synthétiseur. La longère était vaste, j’y occupais une grande chambre tout à fait à l’est, loin de celle de ma mère, c’était un sentiment d’émancipation merveilleux.

Albin Michel, c’est aussi

Adriana est comme un torrent, elle surgit toujours dans la vie de sa sœur avec la puissance d’une révélation, attisant la nuit des souvenirs. Elles ont été des enfants rebelles et complices, unies par le manque d’amour d’une mère aujourd’hui sur le déclin. Elles sont désormais des femmes, éloignées l’une de l’autre, lourdes d’un héritage de non-dits. Et pour qui ignore le langage de l’affection, il est difficile d’ouvrir son cœur.

C’est à Borgo Sud, le quartier des pêcheurs de Pescara, ville des Abruzzes où les hommes forment une seule et même famille autour de la mer, que les deux sœurs parviendront peut-être à réparer le passé.

1933. Tandis qu’Hitler prend le pouvoir en Allemagne, le régime stalinien décide de vaincre les dernières formes de résistance paysanne à la collectivisation des terres. Dans cette lutte sans merci, Staline ordonne la déportation des koulaks – les paysans prétendument riches -, la réquisition systématique des récoltes et des biens, et fait établir des listes noires de villages à affamer, avec interdiction de quitter le territoire. L’Ukraine, le « grenier à blé » de l’Union soviétique, est le théâtre principal d’une famine qui, en quelques mois, fera quatre millions de victimes.
Largement occultée jusqu’à la période de la glasnost, la famine en Ukraine constitue un événement central de l’histoire de l’URSS. À partir de récits souvent insoutenables de survivants, Georges Sokoloff rappelle l’inexorable développement de cette guerre contre les paysans, qu’il considère comme un véritable choix politique. Après avoir retracé les conditions de déroulement de la famine et le processus d’escalade de la terreur, il nous livre une analyse inédite, essentielle à la compréhension du phénomène totalitaire du XXe siècle.

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