Filles de l’Est, femmes à l’Ouest

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L’imaginaire occidental sur ce qu’a été le monde derrière le rideau de fer est très empreint de ce qu’ont donné à entendre les hommes, et ces derniers, surtout les générations de dissidents des années 1950, 1960, 1970 ont souvent raconté ce qu’on attendait d’eux: l’horreur, l’absence de liberté, la grisaille, l’empêchement… Sans nier aucunement les pans sombres de cette histoire, il y a aussi, peut-être, une autre histoire à mettre en lumière: celle de l’égalité inscrite dans la loi et souvent dans les faits, celle de l’égalité salariale et d’accès à l’emploi, celle de l’accès à l’avortement plusieurs décennies avant beaucoup de pays de l’Ouest, celle des mythologies communistes construites sur des figures de femmes combattantes, scientifiques, sportives, etc. 

Nous sommes nombreuses à venir de ce monde-là et à écrire en français. Ce qui saute aux yeux dans ces écritures, c’est le récit d’enfances heureuses, à contrepied de ce que la génération des Kundera a porté. Nous retrouvons beaucoup de facétie, d’humour, de tendresse et de joie dans nos souvenirs. Tisser ensemble un patchwork ouvre d’autres grilles de lecture, politiques et esthétiques, permet de poser d’autres regards, et fait de nos souvenirs un terreau littéraire riche, moins binaire. Ces récits sont autant d’entrées sur les questionnements féministes, identitaires, militants qui agitent le pays où nous avons choisi de vivre. »

Andrea Salajova

Albena Dimitrova

Grażyna Plebanek

Irina Teodorescu

Katrina Kalda

Lenka Horňáková-Civade

Marina Skalova

Sonia Ristić

150 p.

Editions Intervalles

Ma Note

Note : 5 sur 5.

Le capitaine a abandonné le navire, l’équipage est sans tête, le bateau tourne sur lui-même comme une girouette sans nord. La Roumanie se vide de ses habitants, la Bulgarie aussi, la Pologne envahit l’Ouest de son armée de plombiers, la Yougoslavie a implosé. Pourquoi ?

Après avoir lu – et apprécié – Triptyque en ré mineur (Sonia Ristić – Ed. Intervalles), j’avais très envie de poursuivre avec ce recueil féminin et féministe, qui réunit huit nouvelles, l’une de l’auteure du roman précédemment cité, Sonia Ristić, et sept autres auteures, qui ont le point commun avec elle, d’avoir grandi dans ces pays du centre, du sud, de l’est de l’Europe, dont certains qui n’existent même plus. C’est un projet qui a été imaginé par Lenka Horňáková-Civade et Sonia Ristić, à l’occasion de l’anniversaire de la chute du mur, et supervisé par Elisabeth Lesne, éditrice. Elles ont toutes écrit en français, à l’exception de Grażyna Plebanek – retenez bien le point sur le z qui change toute la sonorité de son prénom – qui a choisi de garder son polonais natal. Elles parlent toutes le français, puisqu’elles ont toutes vécu en France, Grażyna Plebanek en Belgique. Les voici :

Andrea Salajova – Tchecoslovaquie – Nos temps passionnants

Albena Dimitrova – Bulgarie – Toujours prêts

Grażyna Plebanek – Pologne – Un master en étonnement

Irina Teodorescu – Roumanie – Si je meurs, qu’on me plante

Katrina Kalda – Estonie – Un jour, je mourrai dans une guerre nucléaire

Lenka Horňáková-Civade – République Tchèque – Le paradis, c’était avant

Marina Skalova – Russie – Nina

Sonia Ristić – Yougoslavie – Women in arms

Elles ont déjà toutes publié, que ce soit chez Gallimard, chez feues Galaade Éditions, aux Éditions Gaïa, chez Cheyne, ou bien encore chez Alma éditeur. Elles présentent toutes leur vision de fille de l’est devenue femme à l’ouest, les changements qu’elles ont vécu, les clichés auxquels elles sont confrontées. Elles ont toutes souhaité parler de leur enfance au sein de pays, qui par leur passé communiste, sont souvent victimes des clichés qui n’ont jamais su transcender les préjugés. Et pourtant, elles le démontrent, l’ouest n’a pas le monopole du progrès, et dans certains domaines, notamment celui de la place de la femme dans la société, il reste lamentablement à la traîne. Quelques traits reviennent de leur discours à chacune, notamment le fait que l’ouest fait preuve d’un mépris et d’une méconnaisse totale concernant leur pays d’origine. Et vice-versa, l’Ouest et le système capitaliste, étaient considérés par les systèmes totalitaristes qui fut le leur comme l’ennemi de service, de la futilité, de l’égoïsme et de l’insouciance à travers les échos qui ont réussis à filtrer le mur. Si le trait est grossi par la propagande, au fond la remarque n’est pas dénuée de fondement.

Ce recueil de témoignages est une vue kaléidoscopique riche, aussi partiale que de parler d’Europe centrale et de l’est sans distinction de pays, de régions entre Balkans, Bohême, Carpates, Sudètes… Chacune, tour à tour, elles apportent de l’eau à notre moulin de curiosité, d’Européen de l’Ouest qui ne cherchait pas forcément à savoir ce qu’il y a et ce qu’il se passe derrière le rideau reste encore dressé symboliquement dans quelques esprits. Sonia Ristic l’exprime très bien « je viens d’un petit pays (…) que l’imaginaire collectif occidental situe « par là-bas ». Car ce qui est valable pour les pays de l’ex-Yougoslavie, l’est pour ceux issus de la Tchécoslovaquie, mais aussi la Roumanie et les autres. Elles donnent chacune un élément qui permet de reconstituer ce système, certes différent d’un pays à l’autre, mais régit par les mêmes valeurs, empreint des mêmes caractéristiques et surtout des mêmes contingences : absence de liberté de s’exprimer, repli sur soi, culte de ses propres valeurs, parti unique, méfiance, diabolisation de l’ouest. Pour reprendre l’expression de Sonia Ristic, chacune reprend l’un des mythes fondateurs de leur existence dans leur patrie d’origine. 

Leur propos n’est pas de diaboliser ou de prendre partie d’un côté ou d’un autre de l’Europe, mais plutôt de trouver un juste milieu, de retracer un lien entre ces deux Europe réunies aujourd’hui, sinon dans la même sphère culturelle, du moins dans les mêmes maux économiques, politiques et religieux. Et peut-être aussi de venir à bout de cet orgueil européen, qui à force à faire appel à de la main d’œuvre détachés à moindre coût, pense avoir affaire à un tiers-monde, le mot n’a jamais été prononcé si ce n’est par Elisabeth Lesne dans son introduction, mais c’est bien la sensation que l’on peut avoir si l’on s’en tient à certains préjugés. C’est cette volonté de construire des ponts, que j’ai ressentis à la lecture de ces textes. Ces non-fictions qui permettent aux auteures de lever le voile d’une réalité qu’elles ont d’une manière ou d’une autre abordée dans leur roman.

De constats particuliers et personnels, d’une enfance à l’est, elles possèdent un regard plus acéré sur cette société du capitalisme et libéralisme qui est la leur, qui pêche elle aussi par ses excès et ses abus dans une direction totalement différente, celle du paradis de la consommation, comme si une sorte de moyen terme était impossible à tenir. Un capitalisme exacerbé où l’on en est venu à parler de monnaie virtuelle tellement la fiduciaire « nous » est insuffisante, qui présente cinquante marques de lessive différentes comme le déclare Sonia Ristic. Toutes parlent également de cette idée du conservatisme national de chaque pays, qui ne cesse de croître. Mais il y a la douceur aussi de certains souvenirs auprès d’une grand-mère, aux odeurs d’enfance, d’une région précise qui les colle à la peau, ce « droit à l’innocence » selon Lenka Horňáková-Civade, que souligne aussi Katrina Kalda. Elles mettent ainsi à mal le cliché du communisme associé au malheur et la morosité, et par la même occasion le capitalisme forcément associé à la démocratie. Et ce sont ces modèles de femmes, Nina, auxquelles elles rendent hommage, des femmes fortes, des arbres, des personnalités, les socles du foyer. 

Aujourd’hui, j’éprouve une immense tristesse devant le gâchis de ces trente ans durant lesquels nous avons abandonné l’idéal de vérité, de liberté et de lutte contre les tyrannies. Les démocraties commercent librement avec les autocraties sur les étals des marchés mondiaux sans entraves ni limites. Le monde libre ne semble plus gêné par le manque de liberté. Il est pris dans sa propre fuite en avant en oubliant le prix de l’hypothèque sur la vie. Celui qu’auront à payer nos propres enfants et rares futurs petits-enfants.

Albena Dimitrova

Les auteures ont également rédigé un texte sur la guerre en Ukraine en lieu et place de postface, un post-scriptum, comme il est indiqué, pour parachever un texte morcelé en huit, où la Russie avait trouvé sa voix, et d’où l’Ukraine était absente. Un hommage à un pays agressé et qui se bat à peu près seul parce qu’il avait trop voulu se rapprocher de l’Europe, du moins affirmer son identité européenne, Maïdan l’a montré. Comment ne pas y trouver un écho des propos des huit auteures qui parlent à peu très toutes de cette curiosité des habitants de leur pays pour l’autre côté du rideau. 

C’est un recueil qui m’a apporté pas mal de choses, une remise en question sur nos propres clichés que l’on peut véhiculer l’air de rien, une remise en perspective de ce que je considère comme « L’Europe de l’Est », et surtout une envie de lire plus avant les auteures que je n’ai pas encore découvertes.

Aujourd’hui, à l’heure ou interroger nos identités de genre est devenu fashionable – pré-ado, je rasais les murs sous les sarcasmes, j’étais la folle qui se prenait pour un garçon -, je m’interroge sur l’idéologie sous-jacente qui présida à mon éducation. Comment les ressortissants d’un pays ou l’égalité des salaires, la présence des femmes sur le marché du travail, le droit au divorce et à l’avortement furent inscrits dans la loi dès 1917 ont-ils pu avoir une vision des femmes aussi rétrograde ? Les femmes de mon pays de naissance avaient combattu au front par centaines de milliers. Bien qu’on ne les ait que rarement décorées de médailles, elles étaient des héroïnes de la Seconde Guerre mondiale – celle qu’en Russie on appelle toujours la Grande Guerre patriotique. Pourquoi les érigeait-on désormais en modèles de fragilité ?

En quête de réponses, je parcours les archives de la Bibliothèque Lénine à Moscou. Je m’intéresse à l’histoire des mouvements féministes de la fin du XIXe siècle en Russie, avant que leurs revendications n’aient été récupérées par le régime bolchevique. A l’évolution du discours sur le corps des femmes, de Lénine à Gorbatchev. A la façon dont on instrumentalisa l’égalité entre les sexes tout en préservant les structures patriarcales, colonne vertébrale de la société russe. L’émancipation n’était-elle qu’une belle façade que l’on faisait parader à l’Occident ? Ce qui est certain, c’est que les femmes étaient un pilier essentiel de la production et de la reproduction du régime. Personne ne choisissait entre carrière et vie privée. Elles étaient toutes mères et travailleuses.

Nina par Marina Skalova

Pour aller plus loin avec les auteures de l’est

Martin, danseur et chorégraphe à Paris, revient dans son village slovaque pour revoir son grand-père mourant. Gabriela, une amie de jeunesse, l’accompagne, qu’il présente comme sa fiancée. Elle l’aidera à affronter, en même temps que son passé, son père et ses oncles, ces héros d’un «eastern» déboussolé depuis la chute du communisme. Eux pensent qu’ils ont tout raté et sont sans courage, humiliés, honteux, tandis qu’alentour la richesse s’exhibe, et l’argent facile. Martin voudrait les réconcilier avec eux-mêmes. Il dansera pour eux avec une grâce qui rendra à chacun son honneur et sa dignité.
Eastern est le premier livre d’Andrea Salajova, auteur et cinéaste d’origine slovaque. Écrit directement en français, il mêle la force du témoignage et de la vision à la riche palette d’émotions du roman.

« Le communisme s’est écroulé. Le rapport de Guéo l’aurait peut-être sauvé. Les messages de mes paupières gardent leur secret, mais j’ai la vie sauve. » Tout commence à l’hôpital du gouvernement bulgare où Alba a été admise pour une paralysie galopante. Elle a dix-sept ans et rencontre Guéo, cinquante-cinq ans, membre du Politburo. Conscient de la déroute communiste, il ne cesse de travailler sur un rapport. Là, dans ce sanatorium, puis de Sofia à Varna sur les rives de la mer Noire, ils vont s’aimer. Passionnément, absolument. Surveillés par les services secrets, dans ces jours anciens que sont les dernières années du communisme juste avant que ne tombe le mur de Berlin. Trois ans, peut-être quatre. jusqu’au moment où Guéo va trop loin : l’étau se resserre et Alba doit fuir. Ils se donnent rendez-vous à Paris pour un premier dîner en français.

Avec ce premier roman, charnel et bouleversant, qu’elle a choisi d’écrire en français et non en bulgare, Albena Dimitrova nous livre une magnifique histoire d’amour portée par une langue « avec accent », à la fois forte et poétique. Elle nous offre aussi un regard aiguisé sur la société néo-libérale d’aujourd’hui.

Ma Chronique

De Kinshasa, Alia a cinq ans quand elle arrive à Bruxelles. La ville lui est étrangère, les enfants avec qui elle joue sont blancs. Son père essaie de l’aider, l’initie à la boxe, qui devient pour elle le moyen de réprimer sa colère contre un monde hostile jusqu’au jour où elle entre dans la police. Ses collègues l’acceptent comme l’une des leurs. Mais ils veulent détruire les autres, les migrants qu’ils torturent grâce à une milice de policiers qui, comme Alia, ne sont pas d’origine belge. Nettoyer le pays des étrangers…

Carmen apprend la mort soudaine du Grand Poète, sa seule attache à la Roumanie, au moment où elle traverse un rond-point occupé par un peuple prêt à tout renverser. Alors, elle a comme un éblouissement : les souvenirs d’une autre révolution, conduite par ce poète autrefois dissident, lui reviennent, intacts.
1989. Elle avait dix ans et écrivait des poèmes à sa « camarade maîtresse» pendant que sa mère, cachée dans la salle de bains, enregistrait des K7 audio à destination d’une amie passée à l’Ouest et que son père échangeait les savons de son usine contre des petits pains. À l’époque, tout cela lui paraissait aussi banal que la folie de sa grand-mère, surveillée depuis toujours par les autorités, ou que les ours des Carpates dont on disait qu’ils mangeaient les enfants.
De quel genre de vague à l’âme naît une révolution ? Est-ce une impulsion animale ou poétique ? En conteuse aussi insolite qu’inspirée, Irina Teodorescu puise dans les souvenirs vifs de son enfance pour mettre en scène trois générations de femmes – et quelques animaux à leur suite – que rien ne préparait à voir la grande Histoire tout bousculer.

« Arithmétique des dieux, c’est un roman né d’une conversation avec ma grand-mère, qui m’a raconté, un jour d’été 2011, l’histoire de son amie déportée en Sibérie en 1940, lors de l’occupation de l’Estonie par l’armée soviétique. C’est l’histoire de leur correspondance, commencée en 1945, mais c’est aussi l’histoire d’une multitude de femmes et d’enfants ayant connu un sort similaire dans l’Estonie des années 40. 
Livre de correspondances, livre introspectif, ce roman est également une réflexion sur ce qui fait notre humanité dans les situations les plus inhumaines, et une interrogation sur la façon dont le poids de l’Histoire se transmet de génération en génération à travers les silences plus encore que les discours. »

Amsterdam, 1656. Alors que Rembrandt voit ses créanciers à sa porte, il croise dans la foule le regard bleu d’un inconnu qui immédiatement capte son attention. Cet homme, Comenius, est un philosophe et pédagogue tchèque qui a été contraint par la guerre de quitter son pays. Cette première rencontre signe le début d’une amitié insolite et de plusieurs face-à-face passionnés, intimes et inattendus. Sur fond de siècle flamboyant, nous sommes conviés à les écouter tantôt débattant des questions de leur temps, tantôt confiant leurs doutes d’homme et de père. Mais dans l’atelier, ce regard bleu qu’il faudrait parvenir à rendre sur la toile demeure insaisissable. Au fil des séances, le portrait que Rembrandt peint auquel Comenius sert de modèle devient alors l’enjeu de ces riches heures entre deux génies. Le peintre signera-t-il ce tableau ? Lui donnera-t-il un titre ? Rembrandt et Comenius se livrent ici un combat singulier dont l’issue est à la fois inévitable et surprenante.

Ce road-trip poétique de deux êtres à la dérive est une exploration de la chute de l’URSS et des idéologies politiques. Sa fable entrelace l’intime, l’exil et le voyage : une jeune astrophysicienne et son père prennent la route pour un Berlin-Moscou en voiture, l’une habitée par une déception sentimentale, l’autre hanté par un sentiment de déracinement profond. Tout au long du voyage, LUI et ELLE se querellent, s’affrontent comme deux systèmes en perte d’utopie. Sous la plume de Marina Skalova, les heurts de l’Histoire viennent s’inscrire en creux chez les individus, interrogeant la possibilité d’une action politique face à la déréliction contemporaine et la perte des valeurs collectives.

Ma chronique

Belgrade, années 1970. Milena, une jeune scénariste, entame une relation épistolaire avec Sam, l’un des deux Américains qu’elle a rencontrés lors d’un séjour à Paris. Berlin, années 1930. Clara, fille unique d’un couple d’avocats juifs et Lily, sœur aînée d’une famille ouvrière, se rencontrent et tentent de s’aimer. France, 2020. En plein confinement, une romancière parisienne endeuillée reçoit une cantine remplie des lettres de Milena. Sonia Ristić, par son talent de conteuse, noue pour le lecteur les liens translucides qui traversent les siècles. Liens d’amour, liens de folie, liens de liberté farouche, liens d’écriture ou de création. Elle recrée ce que la mémoire et le temps ont effacé. Dans cette Chambre à soi moderne, elle tisse un fil entre ces femmes mues par leur indépendance, leur créativité et leur fière détermination à vivre un amour qui soit à la hauteur de leur liberté.

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