La mort frappe aussi les gens heureux

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19 décembre 1931, Hercule Poirot et l’inspecteur Catchpool sont appelés pour élucider le meurtre d’un homme dans un hôpital du Norfolk. La mère de Catchpool, l’impérieuse Cynthia, insiste pour que Poirot loge dans une maison croulante sur la côte,  à proximité de l’hôpital, afin qu’ils puissent passer ensemble les fêtes de fin d’année pendant que Poirot enquête. Car Arnold, l’un de ses amis, doit bientôt être admis dans l’unité même où est survenu le meurtre, et sa femme est convaincue qu’il sera la prochaine victime, quoiqu’elle refuse d’expliquer d’où lui vient cette certitude.
Si Poirot souhaite échapper à la perspective cauche-mardesque de passer Noël dans le Norfolk, il n’a plus que quelques jours pour résoudre l’affaire et empêcher de nouvelles morts. Mais pendant ce temps, quelqu’un a fomenté ses propres plans pour le célèbre détective belge… 
 

Sophie Hannah

282 p.

J.C. Lattès, Le Masque

Hercule Poirot’s silent night, 2023

Une traduction de Fabienne Gondrand

Note : 3.5 sur 5.

Ce serait bien mieux pour ce tueur qu’Hercule Poirot quitte la scène !

Retour avec Sophie Hannah, aux Editions Le Masque, qui a ressuscité notre cher Hercule Poirot, ce pour notre plus grand plaisir : après Meurtres à Kingfisher Hill, voilà qu’on le retrouve à nouveau en compagnie de l’inspecteur Edward Catchpool, parfait mélange de l’inspecteur Japp et du capitaine Arthur Hastings, les deux comparses que l’auteure a préféré laisser à Agatha Christie. La profession du premier, l’amitié et complicité du second, c’est seulement à ce tome que je me suis rendu compte de la composition de ce personnage. J’ai beaucoup aimé cet opus, et il me semble qu’on ne trouvera pas mieux pour tenter de suppléer à l’œuvre, inimitable évidemment, de l’auteure anglaise à l’origine de notre détective belge et de Misse Marple.

À quelques jours de Noël, le 19 mars 1931 pour être précise, la mère d’Edward Catchpool, Cynthia débarque à l’improviste à Whitehaven Mansions chez Hercule Poirot et réclame à corps et à cri que les deux hommes viennent à Munby-on-sea, dans le Norfolk, résoudre un meurtre. En effet, Cynthia Catchpool réside chez des amis à elle, Vivienne et Arnold Laurier, dont le mari est mourant, et qui prévoit de finir ses jours dans le service d’une clinique près de chez lui. Là-même ou a été assassiné Stanley Niven, qui était dans la chambre accolée à celle du père de famille. Celui-ci, en fin de vie, décide de résoudre l’affaire lui-même, les autorités compétentes ayant d’autres priorités. Poirot et Catchpool dans la demeure de la famille Laurier, la bien-nommée Frellingsloe House, à flanc de falaise, où la famille cohabite tant bien que mal entre deux disputes, où logent également, la belle-famille, et de façon plus provisoire, le médecin d’Arnold Laurier, Robert Osgood, ainsi qu’un vicaire, Felix Rawcliffe. 

Nous avons une histoire bien emberlificotée digne d’Agatha Christie, où chacun est totalement susceptible d’être un meurtrier potentiel, où il est nécessaire de tirer sur les fils qui pendent ici et là, où l’atmosphère lugubre de cette grande maison froide, soufflée par les vents marins. Les deux détectives tombent sur une situation ubuesque, les deux garçons de la maisonnée sont mariés à deux sœurs, dont les parents occupent officieusement les fonctions de cuisinière et de jardinier. On rajoute encore un peu de tension, les deux sœurs se détestent cordialement, de fait on obtient une ambiance explosive au milieu de laquelle les deux londoniens doivent évoluer. D’autant que personne n’est d’accord sur les dernières volontés d’Arnold, qui souhaite finir ses jours à l’hôpital, avec la résolution du meurtre comme ultime satisfaction.

Les choses vont mal tournées, Poirot et Catchpool d’autant plus désarçonnés que rien ne relie la famille au patient mort à l’hôpital si ce n’est ce fameux hôpital, dernière demeure présumée d’Arnold. Il y a deux temps dans ce roman, d’abord la quête du meurtrier de ce fameux. Puis ce qui va succéder au second événement, avec un Poirot et un Catchpool constamment sur le qui-vive, réceptionnaires des mauvaises ondes palpables entre les individus qui errent, se croisent ou s’évitent, se disputent ou discutent. Chez Sophie Hannah, comme chez Agatha Christie, il faut toujours penser à ces fameux petits détails qui passe au milieu des flots d’informations que les deux enquêteurs reçoivent, évidemment l’information qu’on a laissée filer sans poser plus de question, mais qui est la clef au problème. 

– Ça ne va pas ? m’enquis-je.

– Ce n’est rien. Je supporte mal l’air de cette maison.

– L’air marin est pourtant très vivifiant. Recommandé pour tout un éventail de maux.

– Peut-être. Je pense que c’est plutôt l’atmosphère qui règne ici. Quelqu’un dans cette maison a l’intention de nuire, Catchpool. De tuer. Si seulement nous pouvions partir séance tenante… Mais c’est impossible. Pas avant d’avoir fait le nécessaire pour que l’assassin de Stanley Niven ne s’en prenne pas à […].

On a tous les éléments des narrations d’Agatha Christie, on sent que ses œuvres ont été décortiquées et répertoriées, que l’on retrouve en miroir dans cette histoire, la maison au bord de la falaise qui évoque La maison du péril, le docteur, personnage aussi indispensable que la victime du meurtre, un duo qui fonctionne selon les modèles préfabriqués d’Agatha Christie, le détective qui mène à la baguette son complice, je crois que cela pourra ravir tous ceux qui lisent et relisent les romans de la mythique autrice anglaise, on garde cette ambiance vieille Angleterre un peu poussiéreuse, seules manquent à l’appel le tea time qui avaient les habitudes de rythmer les journées des familles du Norfolk et du reste du territoire britannique.

Les dernières titres d’Agatha Christie chez Le Masque

Qui n’a jamais surpris le nom de Miss Marple au détour  d’un repas de famille, d’une salle de classe, d’un rayonnage  de bibliothèque ou des pages d’un programme télévisé ?  Indépendante, futée, malicieuse, cette femme de fiction, mais  surtout de légende, a su séduire des générations de lecteurs.

Aujourd’hui, près d’un siècle après sa première apparition,  douze autrices talentueuses s’emparent de cette enquêtrice  résolument moderne pour nous offrir autant d’aventures  inédites.

Lecteur, prends garde. T’aventurer entre les pages de ce recueil revient à t’exposer à de multiples visions et prémonitions. Tu parviendras peut-être à dénicher entre ces lignes quelques messages de l’au-delà, mais cela ne se fera pas sans déloger les spectres qui se terrent dans l’ombre. Car Agatha Christie, adoubée comme reine du crime, cachait sous le manteau de sa prime jeunesse un penchant certain pour les forces obscures et leurs interférences avec les destinées humaines.
Lecteur, le périple qui t’attend est bien solitaire et truffé de dangers, mais sache que, au cours de tes pérégrinations, il te sera donné de rencontrer l’illustre Hercule Poirot et la vénérable Miss Marple.
À tes risques et périls.

2 commentaires sur “La mort frappe aussi les gens heureux

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